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AGIR CONTRE LE RACISME AUJOURD’HUI

10-1 La suprématie de l’argent

Le capitalisme a pris une forme nouvelle dans le contexte de la globalisation financière dont le cœur est l’accumulation de richesses par les entreprises et leurs actionnaires : taux de rendement du capital de 15% exigé par les investisseurs, alors que la croissance est beaucoup plus faible, voire inexistante. S’il y a raréfaction des emplois, c’est parce que les capitaux ont fui l’investissement. Les périodes de crise sont caractérisées par les placements financiers des capitaux, y compris ceux obtenus par les profits des entreprises. Les taux d’intérêt qui les rémunèrent sont en effet supérieurs à ceux qui rémunèrent l’investissement. Les grands groupes qui restructurent et licencient se portent bien et font des bénéfices. Le chômage entraîne une dégringolade des droits, des acquis obtenus en période de croissance. Les droits sociaux deviennent des archaïsmes, des charges insupportables pour les entreprises qu’il faut annuler au nom de la modernité. La vie des gens est fragilisée. Il y a perte de repères, éclatement de valeurs, modification des mentalités. L’absence de perception d’un progrès humain conduit à de graves désorientations ou « déboussolements » qui brouillent les valeurs essentielles et humaines dont la République était porteuse dans ses fondements.

La légitimité du politique à représenter et à gouverner la société étant de plus en plus faible, le champ de la violence grandit et celui de la violence légale à l’encontre des oligarchies diminue. A mesure que le politique fragilisé perd sa légitimité au profit de l’économique, il ne peut plus imposer certaines décisions.

10-2 La société française en crise

La société française est prise dans l’engrenage d’une crise profonde qui ne cesse d’engendrer les pires exclusions. Trop de jeunes des banlieues, trop d’enfants des couches défavorisées souvent issus de l’immigration, sont marginalisés par les échecs scolaires, l’isolement culturel des cités, le rejet de caractère raciste au niveau de leur vie quotidienne. Ces jeunes là, désabusées, isolés, inoccupés, sont à la recherche d’une identité. L’impossibilité de s’intégrer dans la culture marchande dominante se traduit par des frustrations permanentes qui s’expriment, tôt ou tard, par l’agressivité dirigée contre soi ou contre le monde extérieur. Certains accèdent à la culture marchande grâce aux trafics. Ceux qui se sentent des victimes cherchent à se consoler ou à se venger. Ils se réfugient alors dans les particularismes ethniques, fondamentalistes ou autres, dont la haine est dirigée vers la culture politique dominante et les institutions. Quoi qu’en pensent certains, l’intégration des immigrés et de leurs enfants est derrière nous. La République qui exige des devoirs à l’endroit des ses enfants ne peut être respectée que si, elle-même, reconnaît des droits à des immigrés dont la contribution économique, historique, culturelle à notre société n’est pas toujours reconnue à sa juste mesure (vote aux élections locales par exemple.)

Face à la montée de l’insécurité qui frappe les populations les plus démunies, la volonté de renforcer la répression peut déboucher sur des dérapages, des restrictions des libertés publiques. Les problèmes de sécurité ne se régleront pas par la seule répression mais par une politique volontariste de prévention. Il ne saurait exister de solution répressive à la misère et à toutes les formes d’insécurité sociale. Sans justice sociale, pas de paix possible.

10-3 Comment agir ?

Dans un tel contexte comment combattre le racisme ? Avant 1975 on pouvait le faire en le dénonçant devant les tribunaux et avec un discours moralisateur. Aujourd’hui la situation est toute différente. Nous sommes confrontés à la financiarisation de l’économie et à ses conséquences, à la dimension politique du racisme idéologisé par le Front National et à la montée des populismes.

Nous ne pourrons réussir à vaincre le racisme et les exclusions à une seule condition. Développer notre capacité à mettre en œuvre un fonctionnement citoyen qui fasse que les revendications des droits des immigrés, des étrangers sans-papiers - ils ne sont que le sommet visible d’un iceberg de précarisation s’étendant aux migrants et ensuite à l’ensemble des travailleurs - s’intègrent à la revendication des droits de tous les exclus : sans travail, sans logement, sans ressources… Tout droit conquis, même pour une seule personne, doit être compris comme faisant partie d’une marche en avant plus collective.

Faire reculer le racisme, c’est aussi définir clairement ce qu’est l’intégration car il existe beaucoup de confusion. Le Haut Conseil à l’intégration la définit ainsi : « l’intégration consiste à susciter la participation active à la société toute entière des hommes et des femmes appelés à y vivre durablement sur notre sol en acceptant sans arrière-pensées que subsistent des spécificités notamment culturelles, mais en mettant l’accent sur les ressemblances et les convergences dans l’égalité des droits et des devoirs, afin d’assurer la cohésion de notre tissu social. Elle postule la participation des différences à un projet commun et non, comme l’assimilation, leur suppression, où à l’inverse, comme l’insertion, la garantie réciproque de leur pérennisation. L’intégration obéit à une logique d’égalité et non à une logique de minorités. »

La politique d’intégration ne se fractionne pas. Elle tend à la cohésion du corps social tout entier. Elle ne concerne donc pas que les seuls immigrés ou issus de l’immigration, mais toutes les populations exclues, marginalisées afin de remettre la question sociale au centre des préoccupations. Nous devons être des aiguillons des forces politiques pour qu’elles trouvent des solutions réelles à l’exclusion. .

Le Mrap se refuse à être un syndicat des victimes du racisme. Il veut associer lutte contre celui-ci et contre l’exclusion. C’est indispensable pour les immigrés ne soient pas stigmatisés comme l’objet d’une politique prioritaire, laquelle est perçue par les autres catégories d’exclus comme un traitement faveur, induisant chez les nationaux des réactions xénophobes.

Par-delà ces principes fondamentaux agir contre le racisme c’est mieux connaître les cultures des autres. S’ouvrir aux autres, c’est revoir ses idées toutes faites, voire vaincre ses peurs.

C’est se comporter en citoyen en usant de ses droits politiques. Etre citoyen, c’est se sentir responsable de la collectivité dans laquelle on vit. C’est s’engager, argumenter, confronter ses idées, développer une citoyenneté critique dans son travail, dans ses loisirs, dans son quartier… Etre citoyen, c’est agir avec civisme dans le groupe, respecter les autres dans leur différence. Actuellement, citoyenneté, civisme, sont difficiles à mettre en œuvre car la société, le pouvoir politique, exaltent l’individualisme. Il faut donc, pour accéder à une véritable démocratie mettre en avant l’importance du collectif et du vivre ensemble… pourquoi pas en adhérant au Mrap ?

L’esprit civique ne repose pas uniquement sur le vote et la pratique des droits politiques. Il implique aussi un engagement pour les causes collectives, pour s’occuper des autres et agir avec eux, tel que cela existe dans la vie associative. Les associations, comme le Mrap, qui combattent le racisme et développent l’amitié entre les peuples, sont des lieux de formation à la citoyenneté et font avancer la démocratie. Ce qui différencie la Mrap d’autres associations agissant pour une société mieux fondée sur l’égalité, c’est qu’il n’évite pas de se prononcer sur des choix politiques et refuse de se cantonner dans une vision consensuelle du social. Le Mrap considère en effet qu’accepter ce consensus revient à être le complément d’un système qui, pour l’essentiel, resterait inchangé.

Février 2011

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