MRAP50

à Monsieur Julien Deshayes Pays d’Art et d’Histoire

samedi 16 mai 2015 par mrap

à

Monsieur Julien Deshayes

Pays d’Art et d’Histoire

Du Clos du Cotentin

21, rue du Grand Moulin

50700 Valognes

Objet : génétique historique

Monsieur,

Nous avons pris connaissance du programme, en partenariat avec l’Université, visant à examiner les marqueurs génétiques de lignées masculines et féminines, afin d’établir un lien entre des personnes vivant actuellement dans le Cotentin et leurs ancêtres vikings (confer journal La Presse de la Manche du dimanche 26 avril 2015).

Constatons d’abord que la Normandie fut occupée par des peuples très variés, rattachés à la Belgique ou à la Gaule celtique, ayant été confrontés à de nombreuses incursions de pirates scandinaves sous la conduite de chefs ou vikings. La Haute Normandie leur fut finalement cédée et ils ont conquis la Basse Normandie. Ainsi, la population Normande résulte depuis toujours du métissage.

Votre démarche pose la question des buts la génétique historique. Dans un contexte où l’enjeu de l’identité est trop souvent manipulé à des fins douteuses, toute problématique classificatoire peut favoriser un racisme latent. Le risque existe que certains, en raison de leur « ADN viking », considèrent qu’ils seraient plus Normands que d’autres et se croient d’une essence supérieure.

Il convient donc de souligner qu’aucune population humaine ne possède exclusivement des gènes propres. De plus, les variations entre celles différentes sont très faibles. Toutes les variétés d’Hommes correspondent à une seule et même espèce se rattachant à un principe d’unité incontestable. Toute classification en « race » humaine est soit impossible, soit totalement arbitraire.

Nous sommes donc préoccupés par un programme qui, parmi les habitants du Cotentin, distinguerait nominativement ceux appartenant à un « groupe ethnique Viking », au travers de leur patronyme et d’un échantillonnage ADN. En l’occurrence, faire retour à chaque participant aux recherches : « d’un rapport individuel incluant l’analyse de son profil ADN », participera à valoriser une singularité ethnique inutile, dont nul ne maîtrisera les conséquences. Eu égard à cette approche, compléter des données archéologiques et historiques par des recherches génétiques est donc inacceptable.

Nous rappelons que le cadre réglementaire, en matière de filiation, n’autorise les expertises qu’en cas d’action judiciaire, à l’exclusion de celles répondant à un souci de convenance ou de curiosité personnelle (article 16-11 du code civil). Votre projet ne peut donc avoir pour résultat de promouvoir une empreinte génétique individuelle. De plus, nous sommes opposés au principe de statistiques ethniques. Aussi, en regard des conséquences de l’histoire des mélanges entre des peuples du Cotentin et des migrations, dans le strict respect de l’éthique, la finalité du programme doit se limiter, tout au plus, à une étude méthodologique par un procédé numérique, sur les caractéristiques d’un échantillon d’empreintes de personnes indistinctes.

Nous sommes dans l’attente d’une réponse susceptible de nous apporter tous apaisements et nous vous prions de croire, Monsieur, en l’assurance de nos salutations militantes.

Pour le comité,

Le président,

Jacques Declosmenil


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