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L’HISTOIRE DU RACISME

vendredi 10 février 2012 par mrap

L’Antiquité est peu raciste. L’esclavage est sans doute le premier système d’exploitation fondé sur l’idée d’inégalité entre les groupes humains. Dans la Grèce ou la Cité romaine, même si l’institution esclavagiste ne se fonde pas sur des caractères raciaux, elle vise le plus souvent « l’étranger » ou encore le « barbare. »

L’Antiquité est peu raciste. L’esclavage est sans doute le premier système d’exploitation fondé sur l’idée d’inégalité entre les groupes humains. Dans la Grèce ou la Cité romaine, même si l’institution esclavagiste ne se fonde pas sur des caractères raciaux, elle vise le plus souvent « l’étranger » ou encore le « barbare. »

Au Moyen Age, les discriminations se développent à l’encontre des fous, des lépreux, des hérétiques (celui qui soutien une opinion contraire à la foi catholique) et des juifs (refus de se convertir au christianisme.)

L’émergence du racisme se situe au 15 éme siècle, celui des grandes découvertes. Le mot « race » apparaît au 16 éme siècle. Les grandes découvertes ont des conséquences dramatiques. L’extermination des indiens d’Amérique considérés comme des sous-hommes. En 40 ans, 12 à 15 millions d’entre eux sont exterminés. En 1886 Théodore Roosevelt, président des Etats-Unis écrit : « Je n’irai pas jusqu’à penser que les seuls bons Indiens sont les Indiens morts, mais je crois que c’est valable pour les neufs dixièmes, et je ne souhaite pas trop me soucier du dixième. »

Ils seront remplacés par des esclaves africains. Les nations négrières, dont la France, ont besoin de main d’œuvre pour faire prospérer leurs colonies. 12 à 15 millions de noirs seront arrachés à l’Afrique par ces nations durant des siècles. Le racisme offre à l’esclavagisme le moyen le plus facile d’avoir du personnel bon marché. Le Noir étant jugé inférieur à l’homme blanc, cette approche fondamentalement raciste a justifié la violence et la cruauté du traitement infligé aux Noirs. C’est le plus durable des crimes contre l’humanité (300 ans). S’agissant de la France, le décret abolissant l’esclavage sera signé en 1848. L’esclavagisme a aussi été pratiqué par les Noirs et les Arabes et, au total, plus de 40 millions d’africains en ont été les victimes.

Il a fallu attendre une loi du 21 mai 2001 pour que la France reconnaisse que la traite et l’esclavage constituent un crime contre l’humanité.

L’économiste écossais Thomas Malthus (1766-1834) soutien qu’une croissance trop forte de la population mettrait en danger l’espèce humaine. Il recommande donc qu’on laisse s’éliminer les hommes les moins productifs pour la société : les pauvres, les malades…

Au 19 éme siècle apparaît la théorie de la classification des races et donc la notion de sous-races. Le racisme « biologique » trouve son expression française sous la plume de Gobineau (1846-1882) avec son : « Essai sur l’inégalité des races humaines » (1855) Ce racisme là justifie le colonialisme. Jules Ferry, homme politique français, en 1885 s’exprime ainsi : « Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit pour elle. Elles ont le droit de civiliser les races inférieures. » Le colonialisme qui prétend civiliser les peuples arriérés, parfois au nom d’idées généreuses, est l’illustration de ces propos : pillage des ressources, refus de l’industrialisation, agriculture détruite… Les colonisateurs ont procédé à des découpages administratifs entre ethnies qui ne tenaient aucun compte des échanges commerciaux et culturels que ces groupes pouvaient développer. La France a souvent pratiqué une répression brutale des peuples colonisés aspirant à l’indépendance : violences perpétrées à Madagascar en 1947 ( l’insurrection a fait de 11 000 à 90 000 victimes) ; au Cameroun (de 1945 à 1971, les massacres en pays Bamiléké auraient fait environ 400 000 morts) ; en Indochine (la guerre de 1946 à 1954 y a fait 500 00 morts indochinois) , en Algérie (enfumades de milliers de gens en 1840, massacres de 1871, massacres de 45 000 hommes à Sétif le 8 mai 1945, guerre de 1954 à 1962 qui a fait 250 000 morts algériens) Trop souvent ce comportement se traduit, encore aujourd’hui, par l’infériorisation des étrangers de pays anciennement colonisés, toujours affublés du manteau du moins. Pour mesurer le caractère fondamentalement raciste du colonialisme, rappelons, qu’au début de 20 éme siècle, des expositions coloniales et universelles organisées en Europe ont donné lieu à des dérives effrayantes. A l’instar des bêtes sauvages, on pouvait y découvrir, parqués dans des cages des familles entières de sous-races : Nubiens, Lapons, Peaux rouges, Kanaks… Ces fausses idées scientifiques, qui parlent de « race supérieure », ont été à la base de l’idéologie nazie.

Le 20 émé siècle a été celui des génocides (destruction méthodique d’un groupe important de personnes) Génocide des arméniens de Turquie (1914-1923) de 800 000 à 1,5 millions de morts. Lors de la deuxième guerre mondiale, génocide des juifs d’Europe, 6 millions de morts et des tsiganes, de 500 000 à 700 000 morts. Génocide des Tutsis au Rwanda (1994-1995), 800 000 morts. Le 20 éme siècle a aussi été celui de la politique des blancs qui a mené à la séparation totale (apartheid) entre Noirs et Blancs en Afrique du Sud, jusqu’en 1994. Celui de la politique de nettoyage ethnique en Yougoslavie (1990-1995) et de l’élimination par les Serbes de tous les Musulmans.

Toute cette histoire, notamment celle du colonialisme, est mal connue, peu ou pas enseignée. La cécité sur ce passé explique certaines difficultés à combattre le racisme. La France reste largement imprégnée par son histoire coloniale. Trop d’étrangers, originaires de pays colonisés, restent des citoyens de seconde zone vivant dans des ghettos, sans représentation dans les institutions de l’Etat, soumis à la ségrégation sociale, culturelle, scolaire…

L’interminable conflit israélo-palestinien contribue à la montée du sentiment anti-juif dans les milieux d’origine maghrébine, les jeunes défavorisés d’identifiant, naturellement, à leurs frères humiliés. Aujourd’hui progresse un racisme contre les arabes. Le souvenir des attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis est utilisé pour maintenir un climat de suspicion à l’encontre des musulmans amalgamés avec l’intégrisme fanatique. Les discriminations ne résultent plus seulement des origines ethniques, mais aussi de l’appartenance réelle ou supposée à une religion : l’islam. Paradoxalement la France accepte sans problème l’investissement des capitaux arabes, y compris dans des groupes stratégiques, dans notre pays : Qatar où les hommes politiques se succèdent. C’est oui à la libre circulation des capitaux, non à celle des hommes !

4-1Quelques grandes dates de l’antiracisme

1789 -La déclaration des droits de l’homme proclame : « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux. »

1794 -Abolition de l’esclavage en France. Il sera rétabli en 1802 par Napoléon.

1848 -Victor Schoelcher fait voter l’abolition de l’esclavage en France.

1862 -Aux Etats-Unis, le président Lincoln décide l’émancipation des esclaves noirs. (Certaines organisations comme le Ku-Klux-Klan refusent encore l’égalité entre Blancs et Noirs)

1945- Le tribunal de Nuremberg définit pour la première fois la notion de « crime contre l’humanité. »

1948 -L’ONU adopte la déclaration universelle des droits de l’homme.

1972 - La France se dote d’une loi qui prévoit des condamnations pénales pour toutes les actions à caractère raciste.

1991 – L’apartheid est aboli en Afrique du Sud. Le leader noir Nelson Mandela est libéré de prison.

Des grandes victoires ont été remportées contre le racisme : abolition de l’esclavage et de l’apartheid, fin de la ségrégation raciale aux Etats-Unis, combats pour la décolonisation, défaite du nazisme…


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